Centre International de Psychosomatique

vendredi 29 mars 2024

Espace temps identité dans la perspective de la théorie relationnelle Sami-Ali

SAMI-ALI

L’ESPACE, LE TEMPS ET L’IDENTITE

DANS LA PERSPECTIVE DE LA THEORIE

RELATIONNELLE

(résumé intervention Colloque LISBONNE, novembre 2006)

La théorie relationnelle est une manière de penser l’unité de l’être humain, au-delà ou en deçà des dichotomies, à commencer par celle, universelle, du corps et de l’âme (ou de l’esprit).

L’unité n’est pas la totalité ne résulte pas de la multiplication des variables, et encore moins de la réduction à une seule variable, donnant lieu à des modèles théoriques unidimensionnels. Ainsi, à l’arrière-plan de toutes ces démarches : « la pensée et l’étendue » chez Descartes, aboutissant à l’image du fantôme dans la machine, qui, une fois introduite, empêche de penser l’unité, à laquelle on vient justement de tourner le dos pour regarder ailleurs.

Pour penser l’unité, il est nécessaire d'avoir un autre point de départ, c'est celui de la relation, qui disparaît dans tous les modèles théoriques proposés dans le champ de la psychosomatique, fondée sur la notion de mécanisme ou de processus. Ainsi le psychique est relationnel autant que le somatique, et l’unité d’analyse la plus simple est le lien entre le fonctionnement subjectif et la situation relationnelle dans laquelle on se trouve. Ceci nous amène à poser la problématique du fonctionnement. En fait, il n'existe pas de fonctionnement sans situation, ni de situation sans fonctionnement. Aussi, le fonctionnement psychosomatique se définit par rapport à la vie onirique : rêves présents ou absents, présents puis absents, absents puis présents. Donc quatre formes majeures de fonctionnement.

De plus, en ce qui concerne la situation relationnelle, elle est surtout définie par rapport au conflit se présentant sous deux formes principales, soluble ou insoluble, qui correspondent à la pathologie fonctionnelle et à la pathologie organique. Cette dernière est considérée ici comme ayant lieu dans une situation relationnelle marquée par l’impasse, sans pour autant introduire, ni la psychogénèse, ni la causalité linéaire, car la maladie n’est pas la somatisation, et la tâche n’est pas d’expliquer comment s’effectue la somatisation, selon la démarche habituelle de toutes les théories de la psychosomatique, mais plutôt de comprendre comment se situe la maladie à un moment donné dans l’histoire singulière d’une personne.

D'une manière générale, la théorie relationnelle est une méthodologie pour penser l’unité au niveau de la thérapie et de la recherche. Aussi la relation est constitutive de l’être humain, pris dans son ensemble et en dehors de toute dichotomie, il faut d’abord comprendre qu’elle n’a rien à voir avec le concept psychanalytique de la relation d’objet, lequel ne concerne que le champ de la psychonévrose, et non celui de la pathologie dans toute son étendue fonctionnelle aussi bien qu’organique. Prise sous cet angle, elle s’applique à l’être humain dès sa conception, elle existe donc à la naissance et avant la naissance, ce qui, d’emblée, introduit la biologie comme composante fondamentale. En ce sens, elle se définit par quatre dimensions : l’espace, le temps, le rêve et l’affect.

Ici, l’espace et le temps seront appréhendés seulement par rapport au problème de l’identité qui implique à la fois le corps et l’âme et qui ne saurait se poser qu’à partir de la situation d’impasse. Elle sera abordée à travers des pathologies du système immunitaire, l’allergie et les maladies auto-immunes, pour autant qu’il s’agit dans les deux cas, mais différemment, d’une réaction fondée sur la différenciation soi et non soi.

L’hypothèse est celle-ci que le système immunitaire est relationnel et que le problème de l’identité, du nom, du sexe et surtout du visage, se lit à deux niveaux, relationnel et immunitaire évoluant autour du même axe.

Mais de quel espace et de quel temps s’agit-il dans la perspective de la théorie relationnelle ?

Il s'agit de l’espace réel et imaginaire.

L’espace réel a sa constitution subjective qui transparaît dans le domaine de la latéralité et l'espace corporel y devient espace de la représentation par projection de l’espace corporel. Cette structuration projective s'oppose à celle du banal où l'espace est construit à partir de références prothétiques (voir le système de trucs qui permettent la spatialisation du sujet).

Il existe une continuité entre latéralisation manuelle et cérébrale : ces deux domaines se structurent en parallèle dans la relation.

Il s'agit du temps réel et imaginaire.

Le temps existe en tant que rythme biologique avec le cycle de la vie qui détermine le moment qu’occupe la maladie, entre la naissance et la mort.

L’instauration du rythme biologique se fait dans la relation précoce mère-enfant avec le rythme sommeil-veille et la régulation thermique.

Il est relationnel et peut être lié à des espaces conflictuels avec et sans issue. En effet, la temporalité peut avoir partie liée avec l’impasse, elle peut être la manière dont le temps s’organise à un moment crucial de la vie du sujet, à la limite de la pathologie organique, pour devenir linéaire, répétitive, circulaire, atemporelle, allant vers l’épuisement. L’impasse se repère ainsi directement, sans passer par les formes logiques qui la définissent : la contradiction, le cercle vicieux, l’alternative absolue.

D'un point de vue thérapeutique, dans la thérapie relationnelle où il n’est question ni d’expliquer, ni d’interpréter mais de comprendre, l’impasse n’est pas résolue mais dissoute. C'est dans cette mesure que la pathologie organique s’améliore remarquablement, sinon disparaît durablement.

La dissolution de l’impasse signifie d’abord changer les données de l’impasse d’une part, en retraçant sa génèse, et d’autre part en permettant au sujet de récupérer ses potentialités perdues, en récupérant surtout ses rêves et ses affects, qui précisément constituent le principal axe de travail dans la thérapie relationnelle.

La relation est fondamentale de la réalité humaine se définit par la relation entre conscience vigile et conscience onirique, l’une se déployant à travers des concepts et excluant la contradiction et l’autre créant des images et incluant la contradiction. Ce sont les deux faces ultimes de la réalité humaine, il n’y a rien au-delà (l’inconscient au-delà les rêves par exemple).

Le corps, l'espace et le temps, Dunod.