Centre International de Psychosomatique

jeudi 25 avril 2024

Entre l'âme et le corps - Xè Colloque International ALEXANDRIE

HOMMAGE AU PROFESSEUR SAMI-ALI

A LA BIBLIOTHEQUE D'ALEXANDRIE

 

X° congrès international de psychosomatique à la bibliothèque d’Alexandrie sous le patronage du gouverneur d’Alexandrie avec le soutien du ministère des affaires étrangères.

Le centre international de psychosomatique a organisé ce colloque en collaboration avec l’Université de Toulouse et l'Université d'Alexandrie.

 

Du point de vue de la théorie de Sami-Ali, une conception psychosomatique partant de la relation et de l’interaction entre corps et psyché est essentielle. Ici, la psychosomatique doit être considérée comme une entité relationnelle, qui doit se définir en tant que telle, aussi bien sur le plan clinique que théorique.

De nombreux modèles psychosomatiques, notamment autour du corps et de sa symbolisation, ont été créés. Malheureusement, avec ces modèles, on ne se rend pas compte que la seule chose symbolisable, c’est la seule chose qu’on peut connaître, à savoir le corps. Ce corps qu’on peut symboliser, c’est le corps visuel tactile, le corps profond visible et invisible, mais c’est le corps quand même, qui se rattache à l’expérience relationnelle, c'est-à-dire un corps qui est composé d’images du corps. On est donc dans une réalité qui est celle qui est celle su corps imaginaire mais on ne peut pas symboliser des choses qu’on ne connaît pas; on peut symboliser le corps anatomique, on ne peut pas symboliser le corps biologique simplement parce qu’il n’existe pas pour le sujet. Corps anatomique et biologique sont deux parties du corps, ils constituent le corps réel et le corps imaginaire, qui n’a rien à voir avec l’expérience qu’on peut avoir d’un corps et qui dérive exclusivement d’une anatomie de l’imaginaire, qui est l’anatomie du visuel et du tactile, porté par la relation et l’affect.

Chez l’enfant et l’adulte, l’activité onirique se situe surtout à des périodes de sommeil paradoxal, mais pour certains, quelque chose l’empêche d’être intégré dans le fonctionnement psychique. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’une perte réelle de l’imaginaire, mais d’une force terrifiante, qui empêche que l’imaginaire fasse partie du fonctionnement psychique. La théorie psychosomatique de Sami-Ali prend compte de cette dynamique vivante de présence et d’absence de la potentialité imaginative. En fait, pour aborder le problème de la pathologie humaine, dans toute son extension, il faut tenir compte du fonctionnement et de la situation conflictuelle et on ne peut pas isoler le fonctionnement de la situation conflictuelle et relationnelle dans laquelle un sujet se trouve engagé.

C’est aussi l’étude de la structure de ces conflits chez l’enfant et l'adulte qui permet de préciser l’impasse, c'est-à-dire de dévoiler des situations conflictuelles strictement sans issue et l’impossibilité de trouver une issue à la situation conflictuelle va pouvoir être mise en rapport avec la maladie organique. En effet, dans certaines situations vitales, toute possibilité de sortir d’un conflit et de trouver une solution à un conflit est empêchée. Dans certains cas, le conflit devient un conflit contradictoire. La contradiction empêche qu’une solution puisse être trouvée parce que chaque fois qu’on trouve la solution, cette solution va introduire une contradiction, donc réintroduire un nouveau conflit insoluble. Dans d’autres cas, c’est le cercle vicieux. Par exemple : certains sujets qui sont fixés oralement et qui ont besoin d’être nourris réellement et symboliquement, en recevant de l’amour passivement et, dans ce cas,, on peut aboutir à une personnalité hyperactive par rejet de la passivité. Or, c’est une personnalité qui va aboutir également pour certains à une situation insoluble dans la mesure où l’hyperactivité qui est une réponse à la passivité est elle-même un élément qui va créer des situations intolérables, de sorte que ni la passivité n’est acceptable ni l’activité.

L’observation clinique d’un patient atteint de leucémie, présentée à la bibliothèque d’Alexandrie, tend à montrer qu’en tenant compte de la relation, il est parfaitement possible d’aménager une symptomatologie et de la guérir, à condition de considérer que l’on a à faire ici à un fonctionnement et à une situation conflictuelle qui chez certains prend la forme de l’impasse, qui va empêcher toute solution, parfois même la solution médicale.

Pour définir la maladie entre l’âme et le corps, il faut donc situer la relation, comprendre le fonctionnement de la situation conflictuelle avec ou sans issue, du sujet. Le fonctionnement est lié à la fonction de l’imaginaire, il est inscrit dans un rythme corporel et biologique. Le fonctionnement psychique influe sur le rythme corporel et le rythme corporel est un facteur incident de la pathologie organique, en modifiant le biologique. Ici, la psychosomatique qui fait référence à la théorie de Sami-Ali doit être considérée comme une entité relationnelle. C’est par son intermédiaire que l’on peut restituer le lien entre le psychique et le somatique dans son unité.

Ainsi, Sami-Ali est donc bien dans la lignée de Plotin et des thérapeutes d’Alexandrie, qui se caractérisent par leur attention à l’être dans ce contexte du corps et de l’âme. Il est le nouveau thérapeute d’Alexandrie qui prend soin de l’être relationnel, par une recherche ouverte aux domaines du corps et de la spiritualité. C’est dans cette dimension que s’inscrit sa traduction de poètes arabes, tels Hallaj, Ibn Arabi et Al Maari, ainsi que son oeuvre artistique dans le domaine de la peinture et de la calligraphie.